Novembre
De l’absence du vent souffle un vide infini.
Une douceur étale s’enroule et s’attache
Au souffle ténu de l’herbe rase qui cache
Sous terre une vie froide et noire de déni.
Plus de bruit. Le silence rôde autour des nids
Vides de vie, vides de cris, en noires taches
Dévoilées. Un frisson imperceptible arrache
Au bouleau pâle une impuissante litanie.
Au chemin creux la pierre humide glisse. Là-bas,
En vert et rouge de Noël ou de sabbat
Pique le houx vivant aux couleurs irréelles.
Et l’immuable. Neige des cimes en majesté.
La blancheur froide s’abandonne pour scintiller
Sous le soleil d’or pâle dans l’écrin gris du ciel.
Elisabeth
Le soleil
Le soleil se leva, se coucha,
Baissant les bras.
En fours, en panneaux,
En morceaux
Il ne se ressemblait pas
Le disque d’or de Pharaon
Et celui de l’Inca Manco
Etaient maintenant disparus.
Le soleil se leva, se coucha,
Baissant les bras.
L’ombre, portée par un rayon de lune,
Aussitôt scintilla.
Elisabeth
Un air de fête…
Ce soir me vient à l’esprit cet air de fête,
Ce soir, je chante, ce soir je ris cet air m’entête…
Et puis tant pis si la musique est désuète,
Il me poursuit et il s’égare dans ma tête…
Et je rêve tout bas
Que je suis dans vos bras
Et je rêve tout bas
Que je suis dans vos bras.
Venez, venez, sous les lampions, je vous emmène
Laissez aller vos corps légers, il vous entraîne,
Et puis tant pis, si vous tanguez, il vous déchaîne,
Il vous emporte dans la nuit à perdre haleine…
Et je rêve tout bas
Que je suis dans vos bras
Et je rêve parfois
Que je suis dans vos bras.
Allez, allez, corps enlacés, il vous enivre...
Laissez aller, à pas légers, la joie de vivre;
Et puis tant pis si dans vos yeux le ciel vacille,
Tout ceci n’est , croyez-moi, que peccadille!
Et je rêve tout bas
Que je suis dans vos bras
Et je rêve tout bas
Que je suis dans vos bras.
Tournez, tournez, sur le parquet, la nuit est belle,
Laissez chanter, le cœur léger, la ritournelle,
Et puis tant pis si la folie vous égare
Dansez, dansez, la nuit finit sans crier gare
Et je rêve tout bas
Que je suis dans vos bras
Et je rêve tout bas
Que je suis dans vos bras.
Merci Monsieur, merci aussi Mademoiselle,
Tout près de vous, comme la vie me semblait belle!
Et puis tant pis s’il faut déjà qu’on se sépare !
La vie n’est jamais qu’un quai de gare !
Et je rêve tout bas
Que je suis dans vos bras
Et je rêve tout bas
Que je suis dans vos bras.
Amadeus
.
.
Comme sur l'arbre la mésange,
Dans l'hiver je veux chanter;
Comme le merle sur la branche,
Au printemps m'égosiller!
Tant pis si ma voix détonne,
Si elle est éraillée,
Dans les couleurs de l'automne,
Je chante la liberté...
Coquelicot, fleur d'élégance,
N'égaie plus les champs de blé
Et dans l'herbe, fleur de France,
Ne fleurit plus le bleuet...
Pourquoi faut -il qu'on vous opprime,
Fleurs des champs et fleurs des prés,
Soyez à ma boutonnière
Quand je chante la liberté...
Amadeus
Cristou de Larcat
Un village accolé au flanc de la montagne,
Un village qu’on doit chercher tant il est loin
Et vouloir, tant la montée aride accompagne
Le bruit de tes sabots, Cristou, sur le chemin.
L’église aux murs lisses domine la grand place.
Les maisons rénovées ont des airs de chalets.
Des rues empierrées il ne reste aucune trace.
Ton regard chagrin, Cristou, se fait étranger.
D’autrefois pourtant, sortis de quelque grenier,
Des mangeoires, des jougs lourds sont le souvenir.
On les voit cloués sur la porte des selliers.
Mais ta main, Cristou, se refuse à le sentir.
Une petite allée s’ouvre sur une cour
Verte d’une herbe d’avril en tapis de joie
Brodé de primevères aux mille tons du jour.
C’est maintenant, Cristou, que tu rentres chez toi.
Tu montes les marches de belle ardoise grise.
Ton ombre légère se fond entre les pierres.
La cruche d’eau du puits en bas de la remise
Etait lourde, Cristou, à porter à ta mère.
Tu vois les soirs d’été, les fêtes aux doux galants,
L’automne roux aux pommes mûres, au soleil bas.
Tu sens à tout jamais la vie de chaque instant.
Le temps ne passe pas, Cristou, ne passe pas.
Elisabeth
La palette
Il a dit. Il a fait. Ce qu’il a fait, je le défais, je le refais. Je dis. Je dis le béryl bleu et je le sors des entrailles les plus profondes de la terre pour le mettre en haut, au ciel. Je creuse et je sais exactement où trouver la lazulite, manteau de vierge. Un grondement de volcan libère le soufre jaune, le soufre vert, le soufre à l’odeur que j’aime tant, ô sublime contraste. J’exhume des émeraudes. Je les brosse en une trace qui étale le soufre et qui se perd dans un rouge mort d’hématite. J’y suis. Voici le début de ma signature au firmament.
Mais plus, il y a encore plus de place dans l’infini. Je peux jouer à ce jeu moi aussi. Je peux refaire l’univers. Je peux couvrir de terre le ciel entier. Terre sublime, tu te tords en un sursaut effaré quand j’arrache de ton sein la tourmaline rose, si belle, surtout lorsqu’un sang de rubis s’y mêle. Vient rouler à mes pieds une pierre de lune. Belle de nuit. Alliance parfaite du rubis. Et je mélange et je déchire et j’effiloche.
Je gratte. Je veux maintenant du sombre, du noir, du tourmenté pour signer mon tableau. De la graphite au gris doux et dur comme le temps. Une crevasse met à jour de la triste améthyste. Une lueur jaune pâle : c’est la pyrite, petite esclave qui donne vigueur à ces deux ombres.
Je regarde mon œuvre. Bien, le ciel est la terre et la terre gronde, impuissante. Pourtant, cette lumière, ce scintillement, cet éclat qui s’impose à présent n’est pas de moi. C’est lui, c’est lui à l’œil de diamant qui anime mon ciel. Il a trouvé le soleil. Il a repris l’infini. Haine. Fuite. Chute.
Voilà ce que j’ai lu dans le ciel de février alors que je randonnais au col des Marrous avec une amie du club des Passéjaïres de Varilles.
Elisabeth.
Un timide soleil blanc,
Des perles d'eau le long des branches noires,
Une mésange bleue accrochée à la boule de graisse,
A terre des moineaux récupèrent les graines délaissées,
Le merle fait ses ablutions...
....Petits sourires du matin!
Danie
Janvier
J’aime Janvier
Qui cache en ses sous-bois
Perce-neige, anémones et violettes parfois…
J’aime sa lumière qui s’attarde
De plus en plus le soir,
Ses ciels pluvieux, neigeux
Ou tout bleus…
Déjà, pointe dans les prés l’herbe verte
Et les bourgeons capitonnés
S’impatientent au bout des branches !
J’aime Janvier et ses commencements
Préludes du prochain printemps…
J’aime Janvier qui, encore une fois,
Nous permet de rêver
Que tout ce que l’on souhaite
Se réalisera !
Michèle
Le vautour.
De la grande puissance de ses immenses ailes,
Dans le ciel calme et pur, le vautour fait des ronds,
Il paraît débonnaire mais son œil étincelle
Et scrute, imperturbable, les rochers et les monts.
Il semblerait royal mais il vit de charogne
Et fait de ce qui geint son repas quotidien,
Et s’il pleure ses serres, il exhibe sa trogne ;
Inexorablement, il trace son chemin.
Est-il si différent des êtres que nous sommes ?
Dans le ciel, il parade et soigne sa façon,
Mais quand il est sur terre, il imite les hommes
Et sa seule puissance est sa seule raison !
Amadeus.
Ô PASSEJAÏRES
SI JE TROUVAIS LES MOTS,
SI J'AVAIS DU TALENT,
COMME J'AIMERAIS VOUS DIRE MOINS MALADROITEMENT,
LA JOIE QUE M'APPORTE AU FIL DES MOIS
LA DÉCOUVERTE DE VOTRE JOLI PAYS.
SES ROCHES ABRUPTES,
SES CIELS D'AZUR,
SES TORRENTS CHANTANTS DANS LES SOUS BOIS,
L'ODEUR DES MOUSSES ET DES FEUILLES MORTES,
LE FLAMBOIEMENT DES HETRES ET DES BOULEAUX.....
ET VOTRE ACCUEIL CHALEUREUX
VOS ENCOURAGEMENTS
ET VOS RIRES
ET VOS CHANTS
POUR TOUT CELA
GRAND MERCI A TOUS LES PASSEJAÏRES
Danie.
Mounicou
Quelques maisons basses ramassées, acculées, comme pour se tenir chaud et se protéger.
C’est au fond de la vallée, entre torrent et cimes.
Les toits d’ardoise brillent de la rosée de la nuit jusqu’au bout du matin. Les bûches sont bien empilées. Les cheminées fument en toutes saisons. Les soir, l’odeur de soupe parle de repos et de la nuit froide qui rôde alentour.
Au sortir des foyers, la forêt commence. Un rayon de lumière éclaire un couloir d’avalanche qu’un isard traverse en bondissant. Le sanglier se cache. Les vautours tournoient au-dessus d’on ne sait quelle carcasse. Bientôt l’hiver et les sapins vibrent dans le vent.
Elisabeth Fantasmes.
Au pied des murs brisés de fières citadelles
Le vent porte, la nuit, le chant des troubadours,
L’ombre des damoiseaux et gentes damoiselles
Qui, dans l’éternité, disent des mots d’amour.
J’entends au son du luth, quand la bise harcèle
Le pied des tours carrées et des montagnes bleues,
Près de l’âtre brûlant où la braise étincelle
Des chansons éternelles et qui mouillent les yeux.
Je vois, dans les étés, de longues robes blanches
Tomber telles des fleurs sur des épaules d’or,
Et des oiseaux surpris, murmurer dans les branches,
Comme des séraphins dans l’antique décor.
Je sens, dans les jardins, les fleurs, bouquets de roses,
Que cueillaient, au matin, de vigilantes mains,
Pour mourir dans des vases, comme de pauvres choses,
Je sens l’odeur des fleurs de ces passés lointains.
Si, dans le temps qui fuit, ne restent que des rêves,
Des images furtives et parfois quelques chants,
Fantasmes fugitifs, quand la vie est si brève !
Pourquoi l’éternité n’est-elle qu’un instant !
Amadeus